La ville de Pouzauges, cité labyrinthe a missionné Sophie Ribaud, mosaïste pour mettre en valeur les venelles qui serpentent dans la ville.
Quatorze venelles forment le labyrinthe entre la rue Catherine de Thouars, l’avenue des Moulins, et le château. Ouvrez l’œil, les mosaïques sont des indices qui vous permettront de trouver les venelles et de vous y promener. Créez votre propre parcours au fil de vos découvertes, chaque venelle étant unique.
A chaque entrée de venelle, observez la mosaïque soigneusement imaginée par Sophie. Posez votre regard sur les détails, qui dévoilent le nom de la venelle et sa signification.
Venelle Gilles de Rais
Ogre et tueur en série pour les uns, valeureux guerrier pour les autres, personnage à la réputation trouble pour tous…
Nous avons choisi de mettre en valeur le Gilles de Rais du début (chevalier, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, guerrier remarquable) et de ne faire qu’une légère allusion à l’aspect diabolique de son caractère vers la fin de sa vie. Il nous a semblé que les armes, le cheval, le blason de Gilles de Rais constitueraient une représentation intéressante, nous plongeant immédiatement dans le Moyen Age.
En bas de la venelle, voici Gilles de Rais et ses couleurs (bleu, fleurs de lis or), son heaume surmonté d’un cygne, symbole de pureté de l’âme (on en pensera ce que l’on veut…).
En haut de la venelle, c’est l’épée du chevalier qui domine, sur son blason, entourée d’une queue de diable, tout de même…
Venelle Alix de Pouzauges
Alix est l’une des « Dames de Pouzauges » qui fit passer la ville dans la maison des seigneurs de Thouars par son mariage avec Guillaume de Thouars. C’est à elle que Pouzauges doit l’épée d’honneur (épée représentée en position verticale) qui figure sur son blason.
Nous avons choisi, en haut de la venelle, d’associer Alix au vent (Pouzauges n’est-elle pas « Cité du Vent » ?) et en bas, de la représenter avec son blason.
Rue de Tournis
Le tournis est une affection neurologique qui atteint les moutons, les désoriente et les fait tourner sur eux-mêmes. Cette maladie est connue est connue et documentée depuis plusieurs siècles ; elle affecte encore les moutons de nos jours.
C’est par la rue de Tournis qu’on pouvait rejoindre la place du marché aux moutons depuis le château.
Une belle tête de bélier, plutôt contemporaine en haut et une spirale presque psychédélique en bas, nous ont paru de bonnes représentations pour cette venelle au nom inattendu

Venelle Dame Maxence
Epouse de Guillaume de Chantemerle, Dame Maxence, une des « Dames de Pouzauges », fonda avec son époux la belle Aumônerie qu’on peut toujours voir au bas de la ville.
C’est ce couple de seigneurs que nous avons représenté face à un indigent auquel ils font l’aumône. Nous avons également choisi de rester sur le thème de la pauvreté pour l’autre mosaïque, avec la représentation médiévale d’un mendiant.
Venelle Belle-Assez
Belle Assez (« Bella Satis » en latin) de Pareds de Chantemerle est, elle aussi, une des « Dames de Pouzauges ». Elle serait née en 1240, une époque durant laquelle l’art de l’enluminure a été particulièrement riche.
Nous avons donc choisi cet art comme source d’inspiration, avec deux mosaïques très différentes, l’une proche des manuscrits du 13ème siècle par ses couleurs et le choix des représentations (des végétaux, un oiseau) en haut de la venelle, l’autre résolument contemporaine, en bas.
Venelle des Frères Friot
Nous ne sommes plus au Moyen Age mais à la fin du 18ème siècle pour cette venelle dont le nom rend hommage à deux frères, l’un juge de paix, l’autre maire de Pouzauges qui fit en sorte que l’église de la ville ne fût pas détruite à la Révolution Française lors du passage des colonnes infernales.
C’est donc la représentation des deux profils de ces bienfaiteurs et celle de la protection de l’église que nous avons naturellement choisie pour ces mosaïques.
Venelle des 3 piliers
C’est au 18ème et au 19ème siècles que nous nous transportons avec le nom de cette venelle.
Les Trois Piliers dont il est question sont en effet ceux de la Franc Maçonnerie. Selon le rite français, les Trois Piliers sont soit le Soleil, la Lune et le Vénérable Maître symbolisé par le Delta lumineux.
Le rite écossais, quant à lui, préfère se tourner vers des idées directement héritées des bâtisseurs, les trois idées fortes de l’architecture à savoir la Beauté, la Force, la Sagesse.
C’est donc ces symboles que nous avons choisi de représenter, accompagnés pour le rite écossais de la « mosaïque » en damier noir et blanc que l’on trouve dans tous les loges maçonniques.
Venelle Savary de Mauléon
Savary de Mauléon, homme de lettre, auteur de poèmes d’amour courtois (un troubadour, donc) mais aussi guerrier, y compris sur mer !
Sur la mosaïque du bas de la venelle, une représentation d’un bateau médiéval comme celui sur lequel Savary de Mauléon a sans doute embarqué pour aller conquérir de nouveaux territoires. Nous avons choisi d’y faire également figurer une partition de musique telle qu’elle était notée au 12ème siècle.
En haut de la Venelle, une représentation de l’amour courtois du Moyen Age. Savary fait parfois référence dans certains de ses poèmes à une certain Guilhemine.
Quelques remarques, à ce sujet… Nous avons souvent de l’amour courtois une représentation assez idéalisée, avec une belle dame dont les chevaliers louent la beauté et la douceur, faisant office d’arbitre entre deux valeureux guerriers pour élire le plus doué pour la poésie, le plus « courtois ». Voici ce que dit à ce sujet un article de l’Université de Bordeaux :
« Malgré la place centrale donnée à la femme dans la poésie courtoise, cette dernière n’est qu’un moyen de valoriser les normes sociales d’un groupe aristocratique cherchant à se distinguer par son raffinement. De plus en plus lettrés, les élites cherchent à canaliser leurs passions par la création artistique comme la poésie. Les tourments exprimés dans la poésie courtoise ne servent ainsi qu’à exalter les vertus chevaleresques : fidélité, honneur, bravoure et courtoisie. »
L’apparente soumission de Savary de Mauléon au jugement de Guilhemine est ainsi davantage un moyen de mettre en valeur ses propres de qualités de chevalier courtois que de louer la beauté ou la belle âme de la dame.

Venelle de la bourrelle
Le nom de cette venelle fait bien entendu référence au bourreau de la ville. Personnage craint et peu fréquentable, celui-ci n’était pas autorisé à habiter au sein de la ville elle-même mais aux limites de celle-ci.
A Pouzauges, le plan montre clairement où se trouvaient les trois enceintes de la ville ; on peut constater que la maison du bourreau (venelle Bourelle) se trouvait au-delà de la 3ème enceinte.
Nous avons donc choisi de représenter d’une part en haut de la venelle, le bourreau et ses habits caractéristiques colorés (notamment son chapeau souvent rouge) et d’autre part, en bas, une interprétation de la ville de Pouzauges marquant l’endroit où se trouvait la maison du bourreau.
En haut, le château et le « sang bleu », noblesse et richesses. Autour de cette première enceinte se déploie le « bourg » et ses habitants, les « bourgeois » (qui vivaient donc près de l’aristocratie mais n’étaient pas « du même monde »). Puis viennent les quartiers plus populeux et enfin, les limites de la ville où peuvent habiter le bourreau et sa famille.
Venelle La Noue dit Bras de Fer
Personnage courageux ayant prouvé sa valeur lors des guerres de religion (16ème siècle), François de la Noue est gravement blessé lors du siège de Fontenay. Il doit être amputé d’une main ; on lui fabrique une prothèse de cuir et de métal, c’est ce qui lui donnera son surnom.
Protestant convaincu, il sera élu gouverneur de la Rochelle et sera, après les guerres de religion, un fervent défenseur des édits assurant la paix entre catholiques et protestants.
Ces différents éléments (la Bible, la croix huguenote, les tours de la Rochelle et bien entendu, son « bras de fer » accompagné du blason de sa famille) sont repris dans les deux mosaïques de la venelle.
Venelle du Pilori
Ceux qui étaient frappés d’infamie (pour des fautes peu graves toutefois, comme des vols) étaient immobilisés au moyen de cette invention et exposés en place publique. Le pilori pouvait être un simple poteau mais il pouvait également devenir une construction plus ouvragée, symbole de richesse pour ceux qui le faisaient construire (Riches marchands par exemple).
Le pilori était souvent placé à proximité de la place du marché, pour décourager les marchands malhonnêtes de toute transaction frauduleuse… C’est le cas à Pouzauges, où la venelle qui porte ce nom est située près de la place de l’ancien marché aux moutons.
« Clouer au Pilori », c’est marquer une personne d’infamie, la « vouer aux gémonies », ruiner volontairement sa réputation en exposant ses fautes aux yeux de tous.
Venelle du Grippeau
Le grippeau est une colline, un tertre ; c’est également un sentier escarpé. A Pouzauges, on en compte un certain nombre ! Ce sont donc des paysages de collines, l’un classique, l’autre plus contemporain, que nous avons choisi de représenter.
Sente des Terrasses
Pouzauges est construite sur des terrasses qui descendent du château. C’est donc assez naturellement que nous avons imaginé, pour le haut de la venelle, une mosaïque toute en horizontalité, avec différents niveaux.
Pour le bas de la venelle, nous avons choisi de voyager un peu et d’illustrer les cultures en terrasses telle qu’on peut les admirer notamment en Asie, comme si elles étaient vues d’avion. Il nous a semblé que cette mosaïque se rapprochait d’un tableau abstrait, c’est pourquoi nous lui avons offert un encadrement et une signature !
Venelle Baronne Sibille
Sibille attend le retour de son mari parti en croisade pendant plusieurs années. Il est d’ailleurs blessé et fait prisonnier avec St Louis lors de la septième croisade. Elle « meurt de bonheur », dit-on, lorsqu’il revient enfin auprès d’elle…
Le temps qui passe (le sablier, la bougie qui se consume), les combats pour défendre la Terre Sainte, tels sont les éléments qui nous ont inspirés pour cette venelle.